Dossier

ACT : pour une stratégie de décarbonation

Après avoir réalisé un bilan GES, la PME Vazard Home s’est lancée dans une méthode « ACT Pas à Pas » pour vérifier si les actions engagées avaient porté leurs fruits.


Atelier d’ébénisterie, agenceur, marchand de meubles et d’équipements de la maison, Vazard Home est une entreprise plus que centenaire installée depuis toujours dans la campagne normande, à Sainte-Colombe-près-Vernon, 318 habitants. À sa tête, Pascal Vazard, homme d’action et de convictions embarque depuis plus de dix ans ses 15 collaborateurs dans une démarche RSE centrée sur la réduction de l’empreinte carbone. « Après m’être inscrit au réseau d’entreprises en transition Lucie, j’ai fait réaliser un premier bilan GES en 2013, explique-t-il. Dans la foulée, nous avons mis en place toute une série d’actions : achat d’un véhicule électrique, éclairage LED dans toute l’entreprise, suppression de certains matériaux très émissifs comme le Corian, refonte des process de vernissage pour bannir les produits issus du pétrole… »

Du bilan «GES » au bilan carbone

Loin de se reposer sur ses acquis, le chef d’entreprise n’hésite pas à interroger ses pratiques pour voir si elles vont vraiment dans le bon sens. Aussi, lorsqu’en 2019 il entend le fondateur de Lucie affirmer que l’empreinte carbone des organisations accompagnées par le réseau ne s’est pas améliorée, Pascal Vazard veut savoir où sa PME en est réellement. Il s’oriente alors vers l’initiative ACT – Assessing Low Carbon Transition – développée par l’ADEME avec le Carbon disclosure Project et adopte la méthode « ACT Pas à Pas », qui permet aux entreprises de toutes tailles de s’inscrire dans une démarche très structurée du diagnostic à la mise en œuvre de la trajectoire de décarbonation. En 2021, soutenu financièrement par l’ADEME, il se lance dans la réalisation d’un bilan carbone couvrant toutes les émissions indirectes, à la différence du bilan GES qui se limite à celles liées à l’énergie. « Je crois que l’expression “douche froide” est encore trop faible pour ce que j’ai ressenti face aux résultats, reconnaît-il aujourd’hui. Avec 214 tonnes équivalent CO2, le bilan 2021 s’est révélé presque trois fois plus lourd que celui de 2013, malgré les mesures mises en place. Nous avions beaucoup travaillé sur l’énergie, mais celle-ci ne représente que 2 % de nos émissions, alors que le poste lié à la mobilité et au transport est responsable à lui tout seul de 41 tonnes d’émissions, et celui des intrants (marchandises, matériel, bois…) de 115 tonnes. » De nouvelles actions sont rapidement initiées : achat d’un second véhicule électrique, « recharge à vie » offerte à un salarié pour l’inciter à opter lui aussi pour l’électrique, suppression de certains matériaux, installation d’une chaudière à bois et arrêt de la commercialisation des plaques de cuisson à gaz, ce dernier point économisant la bagatelle de 12 tonnes. Et ça ne s’arrêtera pas là puisque Pascal Vazard et ses collaborateurs s’attachent actuellement à préparer l’avenir avec des pistes d’action « carbone mais pas seulement », autour de la production d’énergie sur site, de l’alimentation des collaborateurs ou encore du déploiement d’un modèle économique à faible lucrativité qui encouragerait les clients à « faire par eux-mêmes ».